JDR sur Table : Scarlet Heroes et le cadre Red Tide/Marée Rouge #RPGaDay2020

RPGaDay est un de ces «challenges» à la c** qui apparaissent tous les mois d’août sur les réseaux sociaux : le but est simple, parler d’un JDR sur table tous les jours pendant un mois.

Vu le nombre incalculable de systèmes de JDR indépendants qui sortent chaque mois et dont personne ne parle (et que personne n’achète, d’ailleurs), c’est plutôt une bonne initiative, dont je vais contribuer plutôt à la hauteur d’un article par an que par jour.

Présentation

Kevin Crawford, qui est derrière l’entreprise Sin Nomine Publishing, est un créateur indépendant de jeu de rôle du table. Sa spécialité : les jeux bac à sable (un mode de jeu ou les joueurs choisissent et construisent le scénario avec le MJ, et donc il y a + de liberté pour les joueurs, et d’improvisations pour le MJ) et  OSR (Old-School Revival, c’est à dire des systèmes de jeu rétro, même si 99% du temps il s’agit juste de rétro-clones des premières versions de D&D).

Il s’est très vite imposé comme le maître en la matière, et un des rares indépendants qui arrivent a vivre du jeu de rôle, grâce a la qualité de ces ouvrages : simples, clairs, concis, ludiques.

Après avoir publié un «kit d’initiation» gratuit baptisé Scarlet Heroes Quickstart, le projet pour en faire un jeu complet a été financé avec du crowfunding, et a dynaimté les plafonds, car il répondait a une  vrai demande : pouvoir jouer du Donjon & Dragon à l’ancienne en étant en effectifs réduits : c’est à dire entre 1 et 3 personnes (Maître de Jeu inclus).

En effet, D&D étant un système basé sur les classes, difficile d’aller loin sans jouer avec une table d’au moins 4 personnes ; les joueurs ne seront pas assez complémentaires.

Scarlet Heroes propose donc des adaptations simples des règles de D&D permettant de pallier a cela (à commencer par une limitation a 4 classes ; présente aussi un univers original et inspirant ; explique comment convertir n’importe quelle supplément de D&D pour le système de Scarlet ;  et contient aussi des aides de jeu pour jouer tout seul et générer du contenu aléatoire.

Les parties de JDR en mode «bac à sable» sont très satisfaisantes pour les joueurs, car ils n’ont pas l’impression d’être juste des spectateurs d’une histoire qui avance sur des rails. Ils rencontrent plusieurs personnages qui les mettent sur plusieurs pistes d’aventures, ils choisissent et moi j’improvise. Ce mode de jeu donne lieu a des parties extrêmement divertissantes pour tout le monde.

Références

Les documents officiels de Scarlet Heroes (tous en anglais) sont :

Livres liés au système de JDR Scarlet Heroes

L’univers utilisé comme support est celui de «Red Tide» (par le même éditeur) ; le livret Quickstart et le livre de base en parlent pendant quelques pages, mais si vous voulez faire de longues campagnes dans cet univers, ces livres pourront vous êtes utiles, car ils contiennent plein d’infos et de tables complémentaires.

Livres liés à l'univers Red Tide

«POD» veut dire «Print On Demand», et dans le cas d’une commande Drivethru, la qualité sera vraiment pas terrible ; l’impression est bonne mais le papier est trop fin et trop transparent, et ne tentez même pas de prendre une couverture rigide. Vous êtes prévenus.
Moi j’aime avoir le livre de règles en version physique, pratique pour partager avec les joueurs et un écran de Maitre de Jeu (que parfois je bricole moi-même avec des pochettes élastiques) et derrière j’ai mon PC portable avec les suppléments en PDFs.
Pour les cartes, j’utilise des Flip-Mat de Pathfinder ou Starfinder sur lesquels on peut dessiner au Veleda, et pour les jetons de personnages et ennemis, j’utilise généralement des LEGO (figurines ou briques) ou des figurines Kinder du Seigneur des Anneaux.

A noter que ces livres-là n’utilisent pas le système de jeu de Scarlet Heroes, mais «Labyrinth Lord». Tout comme Scarlet Heroes, c’est basé sur du Donjon & Dragon et il est donc facile de convertir les données d’un système à l’autre.

L’éditeur «Le Scriptorium» en a réalisé une adaptation française (assez libre mais compatible) de Labyrinth Lord (lui-même une adaptation de D&D B/X), appelée Portes, Monstres & Trésors 2  (abrégé «PMT») version «Règles de Base», et les PDFs sont téléchargeables gratuitement. C’est cette éditeur qui a d’ailleurs fait la VF de Red Tide, et fait donc référence dans sa traduction à PMT au lieu de Labyrinth Lord. Les règles de Labyrinth Lord, PMT sont complètement compatibles entre elles.

Si l’argent n’est pas un problème pour vous, «Old School Essential» en VO ou VF est aussi basée sur D&D B/X, et est un peu mieux organisé, mais contient moins de conseils pratiques pour les débutants. Un nouveau challenger «Index Card RPG» vaut vraiment le coup, il parait, apportant sa petite révolution au genre. Du côté du nom par contre, ça vraiment pas envie !

Verdict

L’univers de la Marée Rouge est juste parfait pour une campagne «bac à sable». J’apprécie le mélange de cultures chinois / japonais / viking, qui permet immédiatement aux joueurs de prendre leurs marques et faciliter leur travail d’abstraction. L’ambiance post-apocalyptique, l’Histoire complète de ces archipels, la géographie, les factions, le danger mystico-environnemental omniprésent… Il y a tous les ingrédients pour tenir en haleine les joueurs et faciliter la vie des MJ en manque d’inspiration. Scarlet est bien écrit, facile et agréable a lire (même en anglais), et contient des conseils et tables aléatoires fort utiles. Je ne peux que le recommander aux gens qui veulent expérimenter des parties en mode bac à sable avec règles «à l’ancienne» et qui on du mal a trouver + de 2 joueurs disponibles au même moments (Ce que j’appelle «l’effet Trentenaires»).

Un de seuls regret que j’ai avec Scarlet et Red Tide, c’est que l’auteur ni exploite pas assez les différentes «cultures» mis en place : pas de technique de kung-fu, de classes exclusives a certaines cultures comme les wuxias, samouraïs, ninjas, berserkers nordiques

À part pour les sauvages autochtones, il n’y a pas non plus de magies (divines ou élémentales) différentes pour chaque peuple inspirée des différents dieux, shinto, animisme, bouddhisme ou taoïsme avec le yin/yang et les 5 éléments… On reste au final dans la zone de confort de D&D.

L’originalité n’a d’ailleurs jamais été le but de la gamme Scarlet Heroes ; l’objectif principal, c’était la jouabilité et l’accessilité. Et c’est réussi.

Si vos joueurs veulent jouer à un jeu de rôle qui se concentre sur une culture historique, il serait de toute façon + judicieux de jouer directement a un jeu fait exprès pour ça (Qin, Yggdrasil, L5A, Wandering Heroes of Ogre Gate…)

J’espère que ce type de parties, flexible sur le nombre de joueurs, avec un système de règle «qui va à l’essentiel», rapide,  et surtout la philosophie de campagne «bac à sable», continueront a se populariser, surtout en France, ou l’on a encore tendance à plutôt a utiliser des scénario pré-construits, trop dirigistes (autant pour les MJ que les joueurs), étouffant un peu la créativité de tout le monde.
Car le but d’une partie de JDR n’est pas de créer un histoire d’une complexité digne d’un film, mais de la vivre et d’interagir avec !

Mon expérience avec le jeu

Dans mon cas, j’ai commencé par le Kit d’Initiation pour faire une parties improvisée avec un ami sur internet ; ça nous a plus, j’ai acheté en version physique le livre de base ; puis je me suis retrouvé a gérer plusieurs petites tables de 1-2 personnes, j’ai acheté «Marée Rouge» pour trouver de l’inspiration et de la cohérence dans leurs histoires qui commençaient a prendre forme?

Avec le temps, les groupes et leurs objectifs se sont parfois mélangés, et quand il y + de 2 joueurs à ma table, j’utilise les règles de Portes, Monstres, Trésors 2 ; c’est facile de basculer d’un système à l’autre.

Bon, j’avoue, ca reste exceptionnel, car quand je fais jouer un groupe de taille «normale», on en profite plutot pour jouer d’autres jeu avec des thèmes + originaux que l’héroic-fantasy. (j’adore les univers inspirés de la Chine Ancienne, Cthulhu, la sci-fi dystopique et le space-opéra).

 

Règles personnelles

Certains trouveront que 4 classes, ce n’est trop peu : Guerrier, Voleur, Prêtre et Magicien…. Du fait qu’il y aura peu de joueurs dans une partie, se sur-spécialiser est pas forcément un bon calcul, mais dans mes parties, je rajoute la notion de «sous-classe», qui rajoute quelques bonus divers et surtout sert de «trait principal» et de background et ainsi orienter et surtout différencier les personnages.

Voici des idées pour l’inspiration :

  • Pour le Guerrier :
    • Maître d’Épée (décrit dans The Sandbox #2)
    • Dernier Prince (~Paladin dans D&D, décrit dans The Sandbox #1)
    • Boxeur martial (~ Moine)
    • Wuxia, Chevalier errant (~Guerrier-Rôdeur)
    • Archer mystique (~Rôdeur-Paladin)
    • Samouraï
    • Berserk (~ Barbare)
    • Moine-Guerrier
  • Pour Prêtres ou Mages :
    • Prêtre de Feu (décrit dans The Smoking Pillar of Lan Yu)
    • Shaman (~Sorcier/Druide)
    • Animiste (~Druide)
    • Sage Taoïste / Immortel / Xianxia
  • Pour le Mage :
    • Mage Yang
    • Sorcière Yin
  • Pour le Prêtre :
    • Prêtre-Guerrier (~ Paladin)
    • Exorciste
    • Démoniste
    • Medium ancestral
  • Pour le voleur
    • Ninja (~Assassin)
    • Braconnier
    • Chasseur de Fantômes
    • Chasseur de Démons

La plupart des sous-classes sont inspirés de JDR Flying Swordmen, disponible gratuitement, lui-même inspiré d’Oriental Adventures. Vous pouvez aussi vous inspirez des classes directectement ce vieux supplément japonisant pour D&D 1 !

Vous pourrez télécharger la Feuille de Personnage pour Scarlet Heroes en PDF ici.

Un commentaire ?